Au bout de ses quatre semaines au rythme cambodgien, on vous fait un petit topo de la réalité du terrain qui est bien loin de notre conception du soin et de la vie hospitalière.
Pas sans nous ménager, nous sommes arrivé dans les services et mis à contribution tout de suite.
Manon et Paul dans le service de traumatologie s'occupent des plaies avant et après une intervention chirurgicale. La technique utilisé est une désinfection à la bétadine et un séchage avec compresses et sets à pansement «stériles». Les situations de soins rencontrées, en général sont des accidents de la voie publique, des hernies ombilicales et d'autres types de traumatismes (par exemple explosion de mines, plaie par armes blanches et par balle). Suivant l'état et la gravité des plaies, il nous faut sans cesse s'adapter.
A la fin des pansements, la distribution des médicaments est faites par les infirmiers, non sans vouloir y participer, mais ne pratiquant pas la langue, nous préférons aider d'autres services plutôt que de commettre des erreurs de patients. Les médicaments distribués ce limite a quelques vitamines et antidouleurs (paracétamol et tramadol), les cambodgiens n'utilisent pas les antidouleurs les plus fort comme chez nous par exemple la morphine. L'après – midi est consacrée aux injections d'antibiotique (ceftriaxone) en voie intra – veineuse direct, c'est à dire si un cathéter est posé, nous lui injectons dans la veine par l'intermédiaire du cathéter, à défaut d'un cathéter posé, nous leur injectons le produit en direct avec les séquelles que cela engendre (dégradation du capital veineux, souffrance pour le patient, et effets secondaires dû à l'antibiotique injecté à grande vitesse). Nous injectons aussi des antidouleurs (paracétamol et tramadol) en intramusculaire pour les patients qui ne peuvent les avoirs oralement.
Durant ces 3 semaines de pratique, nous nous sommes habitué aux techniques, aux regards des patients et nous aimons le travail que nous faisons à l'hôpital. Même si parfois des méthodes de travail nous interpellent au plus haut point, nous pensons que nous avons encore beaucoup à apprendre notamment par rapport l'adaptation cambodgienne avec le matériel qu'ils ont. Chaque jour une nouvelle situation, un nouveau système D à la clef.
Théo, Max et Théo dans le service de médecine interne accueillent des patients pour des pathologies multiples et diverses. Les patients attendent généralement devant le service pour passer chacun leur tour en consultation dans une salle ouverte sur le couloir, avec un lit, un bureau et quelques chaises. Nous et les infirmiers, nous occupons du bilan d'entrée, prise de sang, poids, tension, température et pose de cathéter. Le matériel est bien différent du notre en France, par exemple pour les prises de sang nous prélevons en IVDirect à l'aide d'une seringue, pour ensuite remplir « manuellement » les tubes de 2ml de sang exactement. Le matériel vient de chine et est extrêmement limité, les perfusions sont des bouteilles en dure, les tubulures fragiles, et les cathéter complètements manuels. Il n'y a pas non plus de trocards, l'aiguille pour prélever est la même que pour l'injection qui se fait via un cathéter ou directement dans la veine. Les patients sont dans des chambres de 5 a 8, toutes pathologies réunies, avec deux chambres pour les gens qui sont hypothétiquement atteint de tuberculose. Même précautions pour tout le monde, aucune différence, nous nous somme vite adapté, la seule difficulté pour nous reste l'identification des patients, pour cause notre incapacité à comprendre leur langue ainsi que leur alphabet.
Ensuite aux alentours de 10 heures nous préparons les injections, toutes les injections en salle de soins (généralement 2g de ceftriaxone par patient, et pour certain patient du
paracetamol / Hioxyne / furosemide en IM) , qui seront dispensés au patient pour la journée.
Nous avons la chance d'avoir à nos cotés durant le poste sopanith notre traducteur et infirmier dans le service de médecine interne, et depuis 2 semaines la présence de 2 internes française en
stage humanitaire également. Ce qui nous permet d'être plus à l'aise et de mieux comprendre la prise en soins des patients.
Anaïs et Chloé quant à elles, en maternité, aucune journée ne se ressemble. Chaque jour il y a plus ou moins d'accouchement, avec ou sans difficultés. Ici pratiquement toutes les femmes ont une épisiotomie pour accoucher. Nous avons été confronté à une ambiance assez particulière car lors de l'accouchement, les femmes ne montrent pas leur émotions, ni leur douleur. Les accouchements se font en silence, parfois même il peut y en avoir deux en même temps sans que l'autre ne se doute de se qu'il peut se passer sur la table d'à côté. La salle d'accouchement est divisée en trois parties simplement séparé par un paravent, il y a donc trois tables d'accouchements. Le personnel circule normalement, entre les différentes tables. Il peut y avoir une femme qui accouche pendant que d'autres rentrent et sortent pour faire leur échographie.
Dans cette salle, on y trouve très peu d'homme , en effets très souvent ce sont les mères, les sœurs, ou parfois les amies qui assistent lors de l'accouchement.
Lors de la matinée il y a tout d'abord les pansements de césarienne. Ils sont fait à la chaîne dans les couloirs de l’hôpital , à même le sol parfois quand il y a vraiment beaucoup de monde, car il n'y a que très peu de chambres. Ici les chambres sont de 8 patients et lorsque nous effectuons un pansement nous sommes observées par toutes les familles. Il y a très peu d'intimité contrairement à ce que l'on pourrait penser. Les pansements sont fait de la même façon que ceux en traumatologie à la seule différence que lorsqu'une plaie est infectée, l'infirmière va enlever les points de suture afin de ré-ouvrir la plaie pour pouvoir nettoyer «à l'intérieur» et tout cela à vif bien entendu...
Ensuite vient les vaccins des bébés. Les nouveaux nés on deux vaccins, l'hépatite B en sous cutané dans l'épaule et le BCG en intramusculaire dans la cuisse. Encore une fois cet acte est réalisé a la chaîne et le plus vite possible sans donner aucune attention aux parents ni même de délicatesse envers le bébé. Nous essayons cependant malgré la barrière de la langue, d'avoir de petite attention, comme un sourire, qui nous est bien souvent, rendu.
Nous continuons avec le bain des bébés, un moment assez plaisant car nous voyons tous les bébés, tous plus adorable les uns que les autres, ainsi que leur père ou grands-parents (les mamans viennent rarement voir le bain de leur enfant car après un accouchements elles sont souvent très fatigués et la famille s'occupe donc de tout) qui sont souvent très fiers de nous montrer leurs petits bouts!
Lors de ces bains, tout va très vite. Il faut laver le bébé, l'essuyer, nettoyer le cordon ombilical puis le remettre à la famille et enchaîner avec un autre. Ils sont souvent très nombreux et se bouscule un peu pour pouvoir passer le premier. Il est déjà arrivé de ne pas effectuer les bains , car nous n'avions plus d'eau chaude...
Pour nous c'est un peu compliqué, nous aimerions pouvoir parler à la famille, interagir avec eux. Pour simplement avoir le nom du bébé par exemple mais cela est très difficile car très peu de famille parle anglais. Il faut donc passer par le personnel qui parfois ne comprend pas notre envie de discuter avec eux.
Et pour finir la matinée, il y a les injections. Ce sont les mêmes que dans les autres services, un antidouleur (paracétamol et tramadol) en intramusculaire ainsi que l'antibiotique pour certaines personnes en voie intraveineuse direct.